Je suis sûr qu’Ubisoft m’a mis sur écoute. Alors que je vantais les mérites de Mario + The Lapins Crétins Kingdom Battle, mais que je regrettais de ne pouvoir y jouer à deux, voilà qu’un mode versus est ajouté gratuitement au jeu de base. Depuis, je ne cesse de rappeler à tue-tête que ce serait super bien d’avoir un Assassin’s Creed qui se passerait dans les Grisons.
Ubisoft c’est le tonton sympa de Nintendo. À chaque repas de famille, il amène des cadeaux et c’est toujours le premier (et le dernier) à encourager les nouvelles décisions. La Wii, la 3Ds et même la Wii U, ont toutes eu droit à leur lot de jeux exclusifs. Une plus-value qui a souvent porté ses fruits. La Switch ne fait donc pas exception en accueillant M+TLCKB (pas sûr que cette abréviation aide vraiment). C’est la première fois que Nintendo « prête » ses personnages à un autre éditeur. La fusion va d’ailleurs être au centre de la trame du jeu, qui s’installe via un véritable court-métrage en guise d’introduction. Je suis d’humeur badine, mais les Lapins Crétins font leur effet et j’ai bien ri en retrouvant avec plaisir leurs braillements et leurs gesticulations. Les bouffeurs de carottes débarquent dans un laboratoire, à bord de leur machine à laver temporelle, mettent le boxon, jusqu’à ce que l’un d’eux ne s’empare d’un casque VR qui permet de fusionner deux objets en les regardant. Cris, panique, débandade, cataclysme, et les voilà tous aspirés dans un vortex électro-ménager. Des tas d’objets subissent le même sort, y compris un poster de Mario et ses amis, ce qui ouvre un portail vers le Royaume Champignon et permet aux deux univers de se rencontrer dans un feu d’artifice de grand n’importe quoi. Certains lapins deviennent méchants, d’autres empruntent des traits à Peach, Luigi et consorts. Ces derniers s’allieront avec le vrai Mario pour venir à bout des premiers et ainsi tout remettre en place. Parce que le foutoir, ça va un moment, mais nos mamans nous ont toutes appris qu’il fallait ranger sa chambre.
Le coup du lapin
Évacuons tout de suite l’éléphant au milieu de la pièce : le principe de jeu proposant des combats stratégiques au tour par tour, impossible de ne pas se dire, qu’en résumé, M+TLCKB c’est un peu X-COM, avec Mario… et des Lapins Crétins. Comme quoi, des fois, l’ADN du cochon et de l’éléphant se mélangent quand même un petit peu. On dirige donc une équipe composée de personnages ayant des habiletés propres, déblocables en suivant un arbre de compétences. Un tel pourra tirer plus loin, alors qu’un autre aura la possibilité de soigner ses coéquipiers. Chaque niveau se compose d’une succession de situations tactiques, durant lesquelles on alterne entre phases de déplacement et de tir. Puis, une fois toutes les actions disponibles effectuées, c’est au tour de l’adversaire de jouer. Il s’agit donc de placer stratégiquement ses « soldats » pour conserver l’avantage. Des subtilités viennent enrichir ce gameplay, comme la possibilité de mettre une claque derrière les oreilles des antagonistes en passant sur la même case qu’eux, se cacher derrière des blocs plus ou moins solides, et donc plus ou moins protecteurs, d’utiliser des objets, comme les fameux champignons, ou encore de prendre des raccourcis à travers les, non moins fameux, tuyaux verts chers au plombier moustachu. Pour pouvoir progresser jusqu’à la zone suivante, il faut débarrasser l’actuelle de toute présence léporidée hostile. Les armes — oui, Mario a un canon — peuvent aussi être améliorées ou échangées contre de plus performantes, en dépensant les pièces gagnées après chaque niveau. Le montant de la récompense dépendra du nombre de tours utilisés et de celui de personnages encore d’aplomb.
Suis les lapins blancs avec une moustache
Au fur et à mesure de la progression, on s’amusera à relever les incursions et les clins d’œil à l’univers de Mario. Différents compagnons rejoindront d’ailleurs progressivement votre bande, ce qui permet de varier les stratégies et d’adapter votre équipe aux différentes situations. Dont les difficultés sont plutôt bien dosées et vont crescendo. Des boss plus retors viennent ponctuer la fin d’un monde, demandant d’élaborer de nouveaux patterns pour les terrasser. Si M+TLCKB est une exclusivité Switch, c’est aussi parce que le jeu se calque très bien sur le mode transportable. Il est d’ailleurs fortement recommandé de privilégier des sessions courtes. Si vous enchainez les niveaux, vous risquez fortement de ressentir une certaine lassitude. Mais le format du jeu permet tout à fait de mener deux ou trois batailles et de le reprendre plusieurs jours plus tard.

Les choix dans l’arbre de compétences ne sont pas définitifs et peuvent être modifiés. Chaque personnage dispose du sien.
Pâques avant l’heure
En introduction je vous parlais du multijoueur. Bon nombre d’utilisateurs ont regretté son absence à la sortie du jeu. Autant dire que son arrivée est donc plus que bienvenue. Chacun leur tour les deux adversaires tentent d’éliminer tous les personnages rivaux. Idem, le principe est original et amusant, mais souffre d’une certaine répétitivité. Parmi les « à-côté », d’autres modes « bonus » sont également proposés, comme des défis imposant des conditions particulières pour terminer un niveau déjà exploré une première fois, ou de revenir également pour débloquer des chemins grâce à de nouveaux pouvoirs.
Terrine premier choix
Mario + The Lapins Crétins Kingdom Battle est le genre de jeu qu’on aimerait voir poindre plus souvent sur Switch. Il propose d’amusantes situations tactiques qui divertiront les joueurs les plus aguerris, ou représente une très bonne entrée en matière au tour par tour pour les plus jeunes. Malgré son côté répétitif, ce serait une erreur de passer à côté. Et pour une fois un jeu Ubisoft ne demande pas de grimper sur une tour pour débloquer la carte. Manger des carottes, ça rend intelligent, mais à petites doses.
Note: 9 pizza à la moutarde sur 10