– Ils ont tellement mal organisé le truc qu’il y a pas assez d’hôtels pour les supporters, tu vois. Alors ils vont devoir prendre des avions tous les jours pour aller voir les matchs ! Tous les jours ! Absurde ! Et tu rajoutes l’aberration de construire des stades climatisés au milieu du désert. Et je te parle même pas de tous les morts sur les chantiers! Alors c’est clair que je vais la boycotter cette coupe du monde au Qatar, tu vois ?
– Non, mais en fait, moi, à la base, je te demandais si tu voulais faire un Mario foot…
Ah le foot ! Les stades ! L’ambiance ! L’odeur de l’essence ! Michael Jordan ! Je connais bien. Sans aucun doute, je vais refuser de regarder la coupe du monde et changer mes habitudes de consommations pour éviter les marques qui soutiennent l’événement. Mais en réalité, vu mon faible engagement dans le sport de Yann Sommer, ça ne va pas me demander un grand effort. J’ai donc de la compassion pour tous les fans dont leur passion est ainsi mise à mal. Vous vous rendez compte, si nous on devait arrêter d’acheter certains de nos jeux parce que les studios maltraiteraient leurs employés, proposeraient des modèles économiques peu regardants en termes d’écologie ou encore sous-payeraient leurs comédiennes de doublage ? Heureusement, pas de voix dans Mario Strikers: Battle League Football.
Houla, ça dénonce chez Semper Ludo. Encore un article polémique, qui va secouer les chaumières des Internet. Alors pas d’inquiétude, on va maintenant parler de ce bon vieux plombier moustachu, de sa passion pour tout ce qui concerne autre chose que la plomberie et pas de discorde à l’horizon, ou si peu.
Qui ne saute pas n’est pas Mario, ouais !
Mario Strikers: Battle League Football reprend le flambeau après les versions Gamecube (2005) et Wii (2007). Tous les trois développés par Next Level Games, studio interne à Nintendo, à qui l’on doit aussi Luigi’s Mansion 3 entre autres. Une fois n’est pas coutume, Mario et sa bande sont au Club Med et participent à des activités diverses et variées. Aujourd’hui, c’est donc footbaaoooool (ou fôôt, si vous venez de Suisse romande profonde). On y joue à 4 contre 4 et nous verrons tout à l’heure que c’est une très bonne nouvelle. Mais avant de parler multijoueurs, expliquons que les terrains de jeu sont très courts afin de favoriser une action rapide. Ce qui a aussi, malheureusement, la fâcheuse tendance à rendre l’action peu lisible. On perd de vue assez souvent la balle. Ce qui ne semble habituellement pas poser de problème aux joueurs du FC Sion diminue ici le plaisir de jeu, lorsque notre personnage se perd dans la masse des joueurs et des effets visuels.
Pourtant, visuellement c’est bien ficelé cette affaire ! C’est joli, fluide, les différents stades retransmettent bien leurs ambiances respectives. Même si j’aurais apprécié que ces terrains profitent de conditions particulières (climat, interactions, pièges, etc). Il ne s’agit alors que d’aspects visuels. Et du côté esthétisme, il y de quoi dire également. Comme me le faisait très justement remarquer Cygurd, entre deux échauffements au dribble, la franchise a toujours bénéficié d’une patte un peu punk, trash ou street art qui se décline également ici, notamment dans le traitement des animations de frappes. Mais qui se serait tout de même adoucie au fil des ans depuis la version Gamecube.

La possibilité d’avoir plusieurs fois le même personnage sur le terrain ajoute parfois à la confusion.
Je crois qu’on a fait un très bon match, mais que l’autre équipe a marqué plus de buts
La diversité dans Mario Strikers: Battle League Football vient des différents personnages à disposition. Toute la clique habituelle est là et chacun de ses membres bénéficie de caractéristiques (comme les karts dans Mario Kart), qui permettent de créer des équipes équilibrées. Les personnages plus lourds seront logiquement moins rapides, mais plus difficiles à tacler. Notons que tous les personnages sont disponibles dès le départ. Il n’y a alors pas grand-chose à débloquer en jouant seuls. De manière générale, on gagne des pièces d’or à la fin de chaque match (le rêve de tout Neymar qui soit), qui serviront à acheter de l’équipement pour modifier ces statistiques.

Certes, depuis la sortie du jeu, une mise à jour gratuite a ajouté Pauline, Daisy, Maskass et Diddy Kong, mais la différenciation entre personnages reste assez maigre.
Dans le cafouillage visuel évoqué ci-dessus, on a parfois l’impression que ces différences entre personnages sont assez faibles. On tacle dans le tas et on verra bien ce qui se passe. L’IA, elle ne semble définitivement pas m’entendre quand je crie à ma TV que suis làààà, démarquéééé! Mario Strikers: Battle League Football ne représente alors qu’un intérêt très limité si on y joue seul. On en a très vite fait le tour. Si le prix de l’abonnent en ligne vous en dit, il est possible de participer à un système de ligue pas trop mal fichu, avec un certains nombre de matchs et d’équipe à battre par semaine. Comme une vraie saison sportive quoi, me lançait Cygurd avant de filer au vestiaire.
Pentacle assassin
Pour en profiter pleinement, il faut donc impérativement disposer d’amis, prêts à mouiller le maillot. Testé en conditions réelles, en 2 contre 2, on commence à percevoir le vrombissement du stade. Les passes se font plus logiques et plus fluides et le système d’anticipation fonctionne bien. Comprenez par là qu’on peut construire un jeu efficace en appuyant sur le bouton de passe ou celui de tir un peu avant que la balle n’arrive dans les pieds/pattes de nos joueurs. On s’est alors bien amusé à crier nos stratégies et à balancer des objets (carapaces, bananes, champignons, etc.). Ou à attraper les bonus permettant de lancer une super frappe (il faut ensuite appuyer sur le bouton au bon moment pour que le tir soit inarrêtable par le gardien). Le côté foutraque en devient assez rigolo et le défi plus intéressant, de par la présence humaine. Mais ne comptez pas sur une longue nuit endiablée. Mario Strikers: Battle League Football est un jeu d’échauffement pour une soirée en famille ou entre potes, avant de passer après quatre ou cinq matchs à un autre jeu.
Y a pas que des numéros 10 dans ma team
Avec une sortie inopinément l’année de la Coupe du monde, Mario Strikers: Battle League Football tente de raccrocher avec la légende de ses ancêtres et de convaincre un public acquis à la cause du foot. À moins que vous ayez des coéquipiers ou coéquipières sous la main, j’aurais tendance à vous dire de boycotter la Coupe du monde et de bouder un peu (avec moins de véhémence) cette nouvelle incursion de Mario dans le monde de Benzema. Contenu un peu trop léger, manque de lisibilité à l’écran et une certaine répétition dans l’action, font de ce nouveau « Mario-Foot » un jeu malheureusement un peu décevant, surtout au prix proposé entre 53 et 78 CHF. Ah ça, faut bien payer les vols en avion de Mario, Bowser, Peach et consorts. Ils ne vont quand même pas voyager en chars à voile !
Note: 5 Footix sur 10
Disponible exclusivement sur Switch.