Pour ceux qui suivent assidument nos articles, vous savez que j’avais abandonné lâchement Nioh 2, édition PS4, au beau milieu, et ce bien que je l’appréciais en bonne partie. Me trouvant épuisé par l’excès de complexité du gameplay et de la multitude de combats de boss tous plus ardus les uns que les autres. Eh ben qu’à cela ne tienne, Nioh 2 revient sur PS5 en ultimate edition (avec le premier opus et tous les DLCs) en mode 4K 60fps comme un brave. Ce fût donc pour moi l’occasion de réinstaller le jeu, récupérer la sauvegarde de ma PS4 et me relancer dans l’aventure de l’arrachage de cheveux, de maravage de démon en règle et autres joyeusetés proposé par Nioh 2.
Dans ce test, je vous soumets trois réflexions. Premièrement sur la qualité et l’intérêt de ce portage PS5. Deuxièmement sur la continuation du test du jeu lui-même, ayant enfin fini la campagne principale et ses trois DLCs. Et finalement, en encart en fin d’article, vous trouverez un petit moment « gaming et psychologie » dans lequel j’utiliserai Nioh 2 pour vous parler du concept de « flow » : parfait pour apprendre de nouveaux mots à sortir en société !

Le Japon a bien changé depuis que le LSD est en vente libre.
Je vous mets un peu de 4K avec vos 60 fps ?
Pour la partie technique, nous trouvons donc des améliorations notables au niveau de la qualité des graphismes, des temps de chargements et de la fluidité (images par seconde). C’est donc le même jeu, mais en mieux. Une réflexion générale peut se faire sur l’utilité de ces adaptations next-gen et je pense personnellement que cela va dépendre de l’œuvre. Dans le cas de Nioh 2, le portage est agréable et pertinent pour un jeu de cet acabit.
L’amélioration graphique a, selon moi, permis de mieux mettre en avant la direction artistique intéressante de l’univers de Nioh 2, qui se prête très bien à ces graphismes en haute résolution. Plus particulièrement, les environnements des DLCs qui peuvent être superbes dans ces nouveaux habits de pixels. Mais surtout, la disparition quasi totale des temps de chargement et une fluidité absolue avec un 60 fps stable sont deux atouts très agréables pour un jeu où la moindre erreur peut être fatale et le nombre de morts (et donc d’écrans de chargement) est très conséquent.
Si le portage ne révolutionne donc pas le jeu, il le rend bien plus agréable sur des points importants. Une bonne surprise de ce côté-là.

Bonjour, c’est bien ici Bloodborn Remastered Edition ?
Nioh 2, c’est comme un ogre (et donc comme un ognon)
Ayant maintenant fini le jeu et redémarré en New Game +, puis en NG++, et NG+++ (oui oui), c’est-à-dire en recommençant à chaque fois une nouvelle partie avec des adversaires plus difficiles, du nouveau loot et en gardant l’avancement de votre personnage, j’ai réalisé quelque chose. Nioh 2 est bien mieux que ce qu’il en a l’air lors de la première partie. Et c’est un problème à mon avis. À noter qu’avec les DLCs, cinq niveaux de difficulté se succèdent au fur et à mesure des NG+, NG++, etc. Chacun de ces niveaux de difficulté amène des attaques différentes pour certains antagonistes, quelques nouveaux ennemis et des évolutions supplémentaires très conséquentes au niveau du loot.
Je m’explique : le jeu devient drastiquement plus intéressant une fois le NG+ démarré, car le nouveau loot est largement plus attrayant [NDZyvon: cet homme a clairement des problèmes d’addiction au loot, Destiny c’était pas juste du mauvais goût #summonFounet]. Permettant de construire des tonnes de builds différents, cela change entièrement le jeu.
Alors que lors de la première partie tout l’aspect du loot est quasiment inutile, on a soudain un jeu qui nous rappelle les meilleures heures de Diablo 2. Et cela évolue encore et encore en passant au NG+ suivant. Je suis maintenant en milieu de NG+++ et le jeu est plus prenant que jamais. À ce stade, les pièces d’équipement permettent des builds bien plus intéressantes et dévastatrices qui, combinées à une difficulté plus élevée, amènent à un challenge bien plus équilibré et captivant à mon goût.

Les fatality de Raiden sont toujours autant.. Ah non, pardon.
Alors on le pèle cet ognon ?
À noter aussi que les NG+ sont rendus bien plus digestes que si vous deviez vous taper l’ensemble des missions à nouveau. Je m’explique. Le jeu vous permet de faire une quinzaine de missions, celles que vous voulez, puis de vous frotter au boss final. Si vous le battez, vous pouvez passer au NG+ suivant. C’est franchement pas mal et rend l’expérience très fluide et agréable.
Génial donc ? Oui et non. Je ne suis pas sûr que ce soit un game design appréciable que de planquer la meilleure part du jeu derrière plus de 70 heures de campagne. On se retrouve donc avec un jeu excellent (même si la difficulté me fatigue toujours par moment), mais qui est caché à l’ombre d’une version amoindrie du même jeu. WTF comme on dit dans le Limousin.
Nioh 2, c’est pas pour les casu !
Pas qu’être un(e) casu soit mauvais en soi, mais simplement que l’expérience de jeu diffère de beaucoup selon le temps investi. Car pour moi, Nioh 2 n’en vaut vraiment la peine que si vous êtes prêt(e) à vous lancer dans les fameux New Games + après avoir fini la campagne. Lors de la première partie, le jeu est bien moins réussi, à mon avis, qu’un Demons Souls. Alors que passé le NG+, les nouveaux loot ajoutent un twist qui lui permet de se démarquer de la concurrence, offrant une expérience entre un Souls et du Diablo 2.
Pour conclure, rappelons que la Nioh Collection sur PS5 contient Nioh 1 et 2 ainsi que tous les DLCs. Même si vous aviez déjà fait Nioh 1, l’ensemble reste une bonne offre pour se lancer dans l’aventure du 2. L’upgrade Next Gen en lui-même est très appréciable et est gratuit si vous aviez déjà Nioh 2 sur votre PS4, aucune raison de ne pas l’installer donc.
Entre 0 et 70 heures de jeu : on reste à 6,5 Yokai sur 10.
Entre 70 et 200+ heures de jeu : 9 Kappa sur 10.
Intérêt du portage PS5 : 7 jantes alu sur 10.
Testé sur PS5, également disponible sur PS4.
Psycho et Gaming
À la recherche de l’expérience optimale : le flow
Dans mon précédent test, j’avais soulevé le problème que m’avait posé Nioh 2 au niveau de sa complexité, sa difficulté d’accès, et de sa dureté en général. Je vous propose de voir aujourd’hui cette problématique sous l’angle de la psychologie moderne. Eh oui, Science Time.
Commençons par expliquer la notion de flow. On peut le traduire comme une « expérience optimale ». Ce terme, créé par le psychologue au nom le plus cool du monde, désigne une expérience dont la difficulté est exactement adaptée aux compétences de l’utilisateur. C’est la version courte, évidemment. Mais l’idée est un état de concentration totale, centrée uniquement sur l’action en cours (qu’elle soit mentale ou physique, ou les deux) et dans le moment présent. Cet état peut amener à un sentiment de distanciation de soi-même, de se sentir complètement dans cette action en cours, de perte de la notion du temps, ainsi qu’une grande sensation de maîtrise et de satisfaction.
Naturellement, nous recherchons cette sensation de flow dans nos activités, particulièrement celles dans lesquelles nous avons de bonnes compétences. Et le jeu vidéo, avec sa complexité et sa difficulté adaptable, paraît un très bon candidat pour recréer ces expériences de flow! C’est peut-être cette partie de CoD où vous étiez « totalement dedans », où vos adversaires vous donnaient juste assez de fil à retordre pour vous pousser dans vos derniers retranchements, mais de laquelle vous avez tout de même émergé vainqueur. C’est cet affrontement de boss d’un Zelda ou d’un Dark Souls qui vous demande juste ce qu’il faut de concentration et dont vous sortez incroyablement satisfait. Bref, c’est le challenge taillé sur mesure pour vos compétences.
Nioh 2 vs Demons Souls
Nioh 2 est très intéressant à cet égard. Et nous allons le comparer à Demons Souls pour cette discussion. Ce sont deux jeux très difficiles, par contre Nioh 2 est éminemment plus complexe que Demons Souls sur quasiment tous les plans que ce soit méta (tout ce qui est du choix du stuff, des combinaisons de builds, des interactions entre les builds et les ennemis, bref, tous les choix que vous faites hors combats en prévision de ceux-ci), ou durant le combat lui-même. Par complexe, j’entends qu’il y a un bien plus grand nombre de choix et de combinaisons possibles.
Je pense être un assez bon joueur des jeux comme Dark Souls, Demons Souls et compagnie. Mais dans le cas de Nioh 2, mes skillz se voient affectés par mes capacités (très) limitées à gérer quinze raccourcis en même temps sur une manette lors d’un combat (nous blâmerons l’âge avancé).
Mais qu’est ce que cela veut dire exactement tout ce bla-bla ? Que pour votre serviteur dévoué, Demons Souls est une expérience de jeu plus agréable, car il m’aura procuré une sensation de flow dans un rapport quasi parfait entre difficulté et compétences, et ce dès le début du jeu. Alors que Nioh 2, de par sa complexité qui me l’aura rendu difficile d’accès, peine grandement à me fournir le même ressenti. Mes compétences étant trop basses en rapport à la difficulté. Et même si cela a changé maintenant que j’en suis au NG+++, je suis encore loin de l’expérience de jeu, et de maîtrise, qu’a pu m’apporter un Demons Souls.

Représentation graphique en 4K 60fps de la zone de flow (pour l’original, plus sérieux, mais moins beau, voir ici).
À match made in heaven
Un autre exemple de l’importance de l’expérience de flow dans les jeux vidéo se retrouve dans les mécanismes de matchmaking de joueurs qui s’affrontent. Le but de l’algorithme « skill based matchmaking » par exemple, est de vous mettre en moyenne contre des gens qui ont une compétence de jeu soit juste en dessous de la votre, soit égale, soit juste au-dessus. Dans tous les cas, l’écart visé ne devrait pas être si grand qu’il détruise l’expérience de jeu, car il deviendrait impossible de gagner pour l’un ou l’autre des camps. Au contraire, on cherchera tout le temps à opposer une équipe ou un joueur qui mette à profit les compétences de l’opposant et lui demande de se concentrer « juste ce qu’il faut » pour espérer gagner et avoir le sentiment que l’on a réussi, car on s’est investi dans l’effort.
Au final, ce que l’on peut retenir est que l’on est probablement naturellement attiré par des jeux qui nous procurent ces expériences de flow si agréables. Principalement, car ils mettent à mal « juste ce qu’il faut » notre sentiment de compétence et de maîtrise. Pour moi, cela aura été pendant longtemps le PvP de Destiny 2 (ne le dites pas à Zyvon). Et vous, quels sont les jeux (ou types de jeux) auxquels vous revenez souvent et qui sont capables de vous fournir cet état de flow ? [NDZyvon: la relecture de tes tests.]